Mar 302009
 

Françoise Hardy « défend son gagne-pain » en soutenant la loi HADOPI.

Elle a raison, je trouve ! Pas vous ?

Bon, du coup j’ai été vérifier sur son site officiel: elle a sorti un disque en 2006 ! Vous saviez ça, vous ? Moi pas, en tous cas.

J’ai donc été vérifier sur ma source habituelle de musique pirate, et non. Tout ce que j’ai trouvé de disponible, ce sont ses « grands succès » (que j’ai téléchargés, du coup, pour amuser les potes lors d’une future soirée). Mais rien de plus récent que les années 70.

Bon. J’en déduis qu’elle défend son gagne-pain d’il y a 30 ans, donc.

Un peu comme si moi, j’avais cessé de travailler depuis 30 ans et que je demande qu’on continue de me payer aujourd’hui pour mon boulot de l’époque: pourquoi elle et pas moi, après tout ?

Ah, mais voilà: elle, elle a gagné beaucoup d’argent pendant des années en se faisant plaisir à faire des chansons que personne ne veut pirater, uniquement grâce aux royalties touchées sur son « oeuvre » d’il y a 30 ans.

Faut comprendre: ça doit faire bizarre quand la mane céleste s’arrête.

Vous imaginez, vous, devoir réussir à refaire des chansons que les gens ont envie d’écouter, 30 ans plus tard ? Dur. Voire pire encore ? Remonter sur scène et trouver un public prêt à payer pour assister au spectacle ?

Non, déconnez pas !

Et pourtant… Les artistes, eux, c’est normal qu’ils continuent à toucher des gros sous des dizaines d’années après avoir cessé de plaire, ou même ‘avoir carrément cessé de faire quoi que ce soit. Si. Parce que ce sont des artistes, et que sinon, ben, y’aurait plus d’artiste, ni de musique.

Na.

D’ailleurs c’est bien connu: avant l’invention des droits d’auteur, il n’y avait aucun artiste et la musique n’existait même pas. Ah si ? Ben comment ?

Non, parce que d’après tout ce que je lis, c’est absolument pas possible qu’il existe des nouveaux artistes si on continue de voler les oeuvres des anciens. C’est écrit partout. Alors c’est sûrement vrai. Non ?

On va quand même pas leur rappeler, aux artistes, que leurs oeuvres et eux-mêmes ne sont que « des nains juchés sur les épaules de géants » et qu’il a fallu des millénaires d’évolutions et d’inventions dont les auteurs n’ont jamais perçu le moindre droit pour qu’ils puissent, eux-même, exister. Ce serait leur dire qu’eux-mêmes doivent des « droits d’auteurs » à l’humanité toute entière, et que leur création n’est pas le seul fruit de leur unique existence à eux qu’ils sont trop tellement uniques.

Faut pas déconner !

Rappeler le caractère cumulatif du développement des connaissances et des arts, c’est carrément leur cracher à la gueule. Personne ne ferait ça à des gens aussi gentils que nos artistes chéris. Personne.

On ne va pas rappeler les mots de Victor Hugo (encore un nain): « Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient – le mot n’est pas trop vaste – au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous. ».

Ben non.

L’accès à Internet, avec la loi HADOPI, va passer après le droit d’auteur. C’est donc que le droit d’auteur est plus important que le droit à l’expression libre pour tout un chacun (qui n’a, je le rappelle, jamais été possible que pour quelques uns avant l’avènement du réseau). Forcément. Et nous devrions tous demander des lois pour que notre boulot d’il y a 30 ans continue à nous rapporter de quoi vivre et faire ce qui nous plait aujourd’hui. Comme les artistes.

Non ?

Bon. Je ne sais plus. Je vous laisse y penser, moi pendant ce temps je vais replonger en enfance en écoutant des vieux tubes des années 70.

Volés.

  One Response to “Hardi Hadopi”

  1. Superbe. Celui là je ne l’avais jamais lu. Une plus large diffusion ne serait pas inutile, je ne vois pas en quoi il aurait perdu de son actualité : un certain « Bonno » d’un groupe nommé « U deux » si j’ai bien compris, vient à son tour de se fendre d’une défense et illustration de ses droits bafoués à vivre de l’oreille de ses auditeurs. Personnellement j’ignore tout de ce Bonno, mais je pense que ce qui vaut pour Françoise Hardy vaut pour lui, même s’il est vraiment bonno.

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