Avr 092009
 

Je m’en souvenais plus ou moins, mais je n’imaginais pas que ça remontait aussi loin (bordel que le temps passe vite): la norme audio MPEG layer 3 – plus connue sous le nom de MP3 – a été publiée pour la première fois en 1995.

Il y a 14 ans.

Vous vous souvenez de ce qu’était Internet il y a 14 ans, vous ?

Moi oui, (j’y étais: je suis un vieux con). Pour résumer, qu’il me suffise de dire que la toute premère fois où j’ai entendu parler d’Internet à la télévision française, c’était en décembre 1995. C’était à « La marche du siècle« .

On y décrivait (au delà de quelques trucs amusants comme un site web privé présentant des photos des oeuvres du Louvre, ou celui de la bibliothèque du Congrés américain) un repaire de pirates néonazis pédophiles, et on expliquait tous les dangers de ce nouveau media.

Eh oui, déjà…

Le web avait 2 ans. Les sites web ne se comptaient qu’en milliers. Il n’y avait pas de commerce en ligne. Le moteur de recherche à la mode s’appelait Altavista. Les navigateurs se nommaient Netscape et Internet Explorer 1.0.

Vous voyez l’idée générale ? Non ? Bon, alors je continue avec mes histoires de vieux con.

Les « gros » disques durs faisaient 1 gigaoctet. Mon plus gros serveur, à l’époque disposait de 64Mo de mémoire (oui, megaoctet, pas gigaoctet). Mon accès à Internet était luxueux pour l’époque: c’était une liaison spécialisée d’un débit synchrone de 64 kilobits par seconde. A peine mieux qu’un modem RTC V.90 qui n’existait pas encore. Trois cent fois plus lent qu’un accès ADSL 20Mb/s…

Vous voyez mieux ? Non ?

Je vous aide: tous les formats MPEG, mp3 y compris, ont été développés à une époque où l’espace disque était rare, où la mémoire était légère, et l’accès à Internet aussi rapide qu’un escargot sous extasy.

Ce sont des formats de compression dont l’objectif est de répondre aux normes de l’époque. Il s’agit de pouvoir transporter et de stocker de la voix, de la musique ou de la video en tenant compte de l’existant et, au mieux, d’une prévision d’amélioration future des débits et des espaces de stockage.

Mais ce n’était absolument pas prévu pour durer QUATORZE ANS! Quatorze ans, dans ce milieu, c’est une éternité! Qui peut aujourd’hui dire ce que seront l’informatique et les réseaux dans 14 ans ?

Du coup, ces formats qui devaient gérer au mieux la pénurie utilisaient des algorithmes qui réduisent drastiquement la taille de l’information à stocker ou transmettre. Au prix de la qualité. Il y a de la perte. Eh oui.

Bon, on s’y fait c’est vrai. Ce sont des algorithmes intelligents, qui font en sorte de ne perdre de l’information que là où l’esprit humain la distingue peu. Mais n’importe qui peut constater les effets des normes MPEG, par exemple en regardant la télévision en TNT: quand ça bouge vite, on voit des carrés.

Et en musique, pour peu qu’on ait l’oreille un peu fine, on entend aussi des carrés. Ca se compresse bien, les carrés.

Ok. C’était une longue introduction, mais j’avais besoin de tout ce développement pour en arriver à mon point: HADOPI et tous ses avatars futurs sont un prétexte pour orienter les internautes vers « l’offre légale ». Très bien.

Très bien ? Euh… Quand j’achète un CD et que je le numérise (oui, je suis un vieux con moderne: mes CD je les conserve dans leur boite parce que tout est numérisé dès l’achat et que ma station me sert de juke-box, ouahou, trop moderne le mec), j’obtiens un fichier de qualité égale à celle dudit CD.

Pourquoi ? Parce qu’un disque dur d’un teraoctet (1000 fois plus gros qu’en 1995 donc) coûte cent euros. Que, même sur mon Ipod, je peux emporter 80% de ma discothèque entière dans un format – certes compressé – mais SANS LA MOINDRE PERTE DE QUALITÉ.

Ok, j’avoue, j’ai bidouillé mon Ipod pour qu’il sache lire autre chose que les formats habituels. Quelle importance ? Il s’agit d’espace et, de nos jours, nous NAGEONS dans l’espace de stockage. Plus personne ne sait comment remplir un disque d’un teraoctet. On peut stocker DEUX CENT MILLE titres en mp3 de haute qualité (c’est à dire avec une perte moindre) sur un teraoctet!

Mais qui voudrait stocker deux cent mille titres ?!

J’utilise le format FLAC. C’est ce qu’on appelle un format de compression « lossless » (sans perte). Il existe d’autres formats lossless (ALAC, LA, LPAC, APE, OFR, RAL…). Mais le FLAC est un format libre, disponible en open source, donc adaptable partout et – surtout – non lié à un vendeur spécifique. Je ne peux stocker que 50000 titres (5000 albums) sur un disque d’un teraoctet. La honte. Sauf qu’en tout j’ai grand maximum 500 albums, et que les plus collectionneurs de mes potes en ont, quoi, 2000 ?

Alors voici (enfin !) ma question: pourquoi « l’offre légale » (j’ai vérifié sur le site de la FNAC mais sur ce point c’est pareil partout) ne propose-t’elle qu’un format dégradé, dépassé, de qualité au mieux quatre fois inférieure à celle d’un CD, alors qu’on est à l’époque de l’ADSL et des disques d’un teraoctet ?

Si vous avez la réponse, merci de me la donner.

Parce que, à part dire que l’industrie musicale à 14 ans de retard, je ne peux voir dans la vente d’une musique dégradée qu’une offense aux artistes qui l’ont créée et une arnaque aux consommateurs qui l’achètent pratiquement au prix du CD.

Et je ne parle que de musique (je vous passe le calcul pour les DVD).

En attendant, que je numérise mes propres albums ou que je pirate de la musique, je n’ai que du FLAC en ma possession. Pas le moindre MP3.

Parce qu’on trouve de plus en plus de musique piratée dans des formats sans perte.

Et… Aucune offre légale.

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